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Coronavirus – Les vignerons de la cave coopérative de Cabestany inquiets

Dans le vignoble, les bourgeons commencent à éclore et égayent de leur verdure les ceps noirs et noueux. Çà et là, très espacées les unes des autres, quelques personnes encapuchonnées et gantées s’appliquent à la tâche longue et répétitive de la taille, pratiquement terminée. Les labours vont lui succéder ainsi que le désherbage mécanique. Car l’ouvrage agricole ne connaît pas de répit et l’entretien, même réduit, doit être effectué pour sauvegarder la récolte à venir. À la cave coopérative Terroirs Romans, l’inquiétude plisse le front des vignerons.

LA VENTE DE LA PRODUCTION COMPROMISE

« Nous sommes bien évidemment soucieux, déclare Guillaume Carreras, directeur de la cave. Dans les cuves, la fermentation est terminée et nous devrions procéder actuellement à la mise du vin en bouteille. Malheureusement, pour cause de confinement, les prestataires de services ont arrêté leur activité et il est difficile, sur une chaîne d’embouteillage, de respecter les distances de protection demandées entre les ouvriers. Pour couronner le tout, l’approvisionnement des bouteilles en provenance des verriers prend beaucoup de retard. Tout est décalé. On a encore un peu de temps, mais on ne doit pas trop traîner pour le conditionnement des rosés et des blancs. En temps normal, la belle saison nous permet d’écouler 70 % de notre production. Nous ne savons pas ce que cela va donner cette année, mais nous sommes un peu pessimistes ».

MAINTENIR LE CAP

Avec un travail réduit à quelques heures par semaine et la boutique ouverte seulement trois demi-journées dans la semaine, les vignerons font le dos rond en attendant la reprise. « Nous avons voté pour maintenir les salaires et nous avons de la chance d’être une vieille entreprise. Tout le monde se connaît bien et fait au mieux pour maintenir le cap ».
Sur les chemins, entre les rangées de ceps coiffés de leurs rameaux, un marcheur solitaire, masque blanc sur le visage, promène son chien, tandis que la nature imperturbablement entame son cycle de renaissance.

Patricia Vedrenne – Indépendant du 14 avril 2020