Indépendant du 18 septembre 2018
Viticulture. La cave coopérative Terroirs romans vers une cuvée d’exception malgré la canicule.
Au premier étage, dans une grande salle tout près des grands futs et au-dessus des pressoirs de la cave coopérative Terroirs romans de Cabestany, ils sont trois autour d’une grande table : Guillaume Carreras, le directeur, Jean-Michel Tissèdre, le maître de chais et Brigitte Soriano l’œnologue. Leur regard de professionnels de la viticulture se concentre sur les bouteilles étiquetées et alignées devant eux, remplies d’un liquide opaque ou plus clair, dont la couleur décline du jaune paille au grenat. L’œil averti devine les bulles minuscules qui flottent et montent jusqu’au goulot. Les trois professionnels vont soumettre à leur expérience le moût fraîchement pressé, à des degrés différents de fermentation, pour évaluer la qualité du futur vin, en reconnaître les arômes afin d’élaborer rosés, rouges et blancs. Une alchimie complexe et mystérieuse issue d’un savoir-faire ancestral.
» Un excellent rosé «
La première bouteille est ouverte, l’œnologue verse le précieux nectar dans un verre à pied qu’elle élève devant elle, penche et porte à son nez avec des gestes techniques et précis. Rapidement, le verdict est donné : » On peut partir vers un excellent rosé, clair et fruité. En bouche, il est parfumé et aérien. » Cette fille de vigneron, diplômée de la faculté de pharmacie de Montpellier, attachée à l’Institut coopératif du vin à Toulouges et consultante auprès de domaines et caves français, espagnols et même chiliens, connaît son affaire. » Cela a été difficile de s’imposer dans ce monde d’hommes, dit-elle, mais j’ai le caractère bien trempé. » Elle a surtout sa longue expérience de la qualité du raisin qui entre en cave, la vérification des cépages, la justesse de la dégustation et autres compétences de l’ordre de l’intuitif et du ressenti. Jean-Michel Tissèdre, grand chef vinificateur, depuis 21 ans à la cave, l’écoute parler du fruit du long travail technique qu’il a développé avant cette séance. Il pense aux assemblages entre muscat petit grain, maccabeu, grenache gris ou noir, syrah, carignan ou mourvedre qu’il vont élaborer. Le directeur est satisfait : » La récolte s’annonce bonne. Nous n’avons pas été touchés par le mildiou grâce au traitement effectué au bon moment par nos vignerons de Cabestany, Elne et Saint-Nazaire. À mi-vendanges commencées le 22 août, nous sommes très optimistes. La production va dépasser les 10 000 hectolitres contre 8 400 l’an dernier. Le raisin est de très belle qualité. Nous allons sur de très bons rouges et blancs et des rosés d’exception que nous élaborons en fonction de la tendance régionale : des rosés clairs et fruités, des rouges boisés d’un an à 18 mois de vieillissement et des blancs secs, sans oublier nos moelleux réputés. Des vins pas très acides et immédiatement prêts à boire. »
Comme habituellement, la production sera très peu exportée. 70 % de la production est en vente directe dans l’ensemble de la coopérative et commercialisée chez les cavistes, épiceries, restaurants. Les 30 % restants partent au négoce.
Jdm